Le vrai yoga n’est plus.
Le mot « yoga » signifie « union », c’est loin d’être un secret.
Initialement, quand on fait du yoga, l’objectif est d’atteindre cette union, qu’on pourrait aussi nommer d’accomplissement : s’unir avec l’absolu.
Ce qu’est le yoga initialement, dans les grandes lignes
Les premières documentations sur le yoga ont été retrouvées dans les années 1920 et datent d’il y a plus de 3000 ans.
De nombreux documents et livres évoquent que le yoga n’a, à la base, qu’une seule posture : celle en tailleur.
Par ailleurs, parmi huit branches du yoga, les postures n’en représentent qu’une seule : il s’agit des asanas.
Le mot asana se traduit « le fait de s’asseoir ». Le yoga, c’est aussi sept autres branches qu’on ne manque pas d’oublier.
Mais restons au yoga tel qu’on le connaît aujourd’hui, les postures.
Le yoga d’aujourd’hui : des asanas
Aujourd’hui, on oppose souvent le yoga traditionnel au yoga moderne, c’est-à-dire l’Ashtanga, le Kundalini ou le Iyengar au Stråla, au Yin et au Hot yoga.
Alors, pourquoi certains yoga sont-ils traditionnels ?
Qui a décidé que c’était traditionnel ?
Qu’est-ce qui les définit de cette façon ?
Il faut savoir que ces yogas traditionnels n’ont rien de traditionnel.
Ils ont été inventés il y a moins de 100 ans (sur les 3000 ans d’existence du yoga) et comportent tous des postures qui n’existaient pas à la base.
Et si l’on observe ces yogas dans leur globalité, qu’ont-ils de spécial si ce n’est un guru populaire ?
Disons-le : est-ce traditionnel si le guru qui est à son origine est Indien ?
Ces gurus ont inventé leur yoga, leurs séquences, une façon propre d’accomplir des postures, parfois imposées dans un certain ordre, et les ont transmis à leurs élèves.
Il n’y a rien de mal à tout ça, si ce n’est qu’aujourd’hui, on peut être largement critiqué dès lors qu’on déroge à ces règles instaurées généralement il y a moins de 100 ans (voire moins de 50 ans pour certains).
Nous suivons les règles d’un homme, d’un humain comme vous et moi, qu’il a décidé d’instaurer. Mais qui a décidé que c’était la bonne façon de faire ?
Les choses évoluent forcément, alors ne peuvent-elles pas évoluer pour le yoga aussi ?
Remettre en question ce qu’on nous impose
Tara Stiles, la créatrice du Stråla Yoga, a toujours été considérée comme une rebelle dans l’univers du yoga. Elle avait même un petit slogan sympa qui prête à réfléchir : « Who made the rules? »
Qui a fait les règles ?
Qui a décidé comment on faisait un chien tête en bas ?
Qui a d’ailleurs décidé que ça s’appelait comme ça ?
Aujourd’hui, c’est acquis : on est tous différents et surtout, on n’est pas tous sensibles à la même chose. Nos modes de vie sont différents, nos besoins sont multiples. Nos membres varient en taille et en densité. Nos muscles peuvent être plus raides ou plus faibles que d’autres, et ça impacte inévitablement notre pratique.
La posture contraire au yoga
Je l’ai déjà dit dans un précédent article sur le fait d’échouer, mais c’est toujours bon de le répéter : le yoga avait pour objectif de réduire l’impact de l’ego sur le pratiquant.
Aujourd’hui, les postures boostent notre ego : quelle fierté de publier une posture du corbeau « parfaite » sur Instagram ! Et les professeurs de yoga ne sont pas en reste : qui ne se sent pas fier de son parcours et du travail accompli en voyant un groupe plus ou moins important intéressé par ce qu’on propose ?
Alors quelle est la solution ?
Faut-il éviter les postures, et revenir à un yoga réellement traditionnel pour réduire son ego ?
Faut-il garder les bienfaits physiques et mentaux des postures et trouver un moyen de les utiliser pour réduire son ego ?
Faut-il éliminer directement les postures qui nous rendent fiers comme les handstands, postures du danseur et autres acrobaties ?
Il n’y a aucune solution, si ce n’est le respect des autres.
Chacun voit midi à sa porte en fonction de ses objectifs et de ses envies, et nous ne sommes pas en mesure de juger les autres, bien qu’on soit régulièrement jugé en retour sur nos propres envies et objectifs.
Le respect des uns et des autres reste de mise, quel que soit notre chemin.
Et s’il y avait autant de yoga que de pratiquant ?
Il est compliqué parfois de se dire qu’on n’est ni plus ni moins que les pratiquants de nos cours, qu’on n’a pas à prendre les gens de haut ni à être trop modeste.
Il est tout aussi compliqué de garder en tête qu’on est tous là pour des raisons différentes : souplesse, activité physique, bien-être ou relaxation, parmi tant d’autres.
Savoir lâcher prise des règles qu’on a appris ou qu’on s’impose est aussi un cheminement délicat, mais il est clair que le yoga traditionnel, véritablement traditionnel, n’existe plus depuis un bout de temps.
Les yogas « traditionnels » qui ont moins d’un siècle sont en réalité modernes et régulés par un guru, qui n’était rien de plus qu’un simple être humain.
Il est temps d’avancer avec son temps, et peut-être d’accepter qu’aujourd’hui, le yoga est surtout devenu une activité physique qui aide à contrebalancer les effets négatifs de la vie quotidienne, en déclenchant la Relaxation Response.
Mais admettre la réalité d’aujourd’hui ne veut pas forcément dire fermer la porte au passé.
Il est quand même possible de garder quelques reliques de ce qu’était le yoga avant le XXe siècle, que ce soit pour la culture ou en tant que but, et d’accueillir le monde moderne et la différence des corps, des personnalités, et des objectifs à bras ouverts.
Photo d’en-tête : Catalina Garzon
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