J’peux pas, j’suis pas souple

L’expression tourne beaucoup dans l’univers du yoga : “Je ne peux pas faire du yoga, je ne suis pas souple”.
Sauf que… dire qu’on n’est pas assez souple pour faire du yoga, c’est comme dire qu’on est trop sale pour se laver.

Le yoga ne nécessite pas de souplesse. 

D’ailleurs, que les choses soient claires, mettre ses pieds derrière la tête est un mythe. Ce ne sera jamais une posture exigée en classe. Ça n’apporte rien.

En revanche, le yoga apporte de la souplesse, en étirant les membres sans cesse grâce à différentes postures. 

Mais à l’âge adulte, faire du “stretching” n’est pas le secret pour être plus souple, puisque la flexibilité ne se résume pas seulement à l’hyper-étirement d’un muscle.

Différencier tension et compression

Tout d’abord, ce n’est pas parce que votre voisin de tapis a un corps conçu pour savoir faire le grand écart facial que c’est votre cas. En effet, il faut savoir différencier la tension de la compression :

  • Les tensions peuvent se trouver dans votre muscle trop contracté et pas assez détendu, mais aussi dans les tendons, ligaments, fascia… et ça se travaille !
  • La compression, c’est lorsque la partie en question est compressée contre une autre partie du corps. Dans ce cas, ça ne se travaille pas. C’est juste anatomique et il faut faire avec pour le restant de ses jours.

Prenons l’exemple flagrant de la posture assise, jambes écartées, upavistha konasana pour ceux qui préfèrent.
Yes, comme elle fait la dame ci-dessous.

Gemma Chua-Tran on Unsplash

Si on se sent bloqué à l’intérieur des jambes, c’est un souci de tension, mais si on se sent bloqué à la jonction entre le fémur et les hanches, à l’extérieur des cuisses, c’est un problème de compression : la tête du fémur n’est simplement pas assez ouverte ou son orientation est limitée, ou le col du fémur est mal orienté, ou trop court… Bref, il existe plein de raisons. Et ça ne changera jamais puisque c’est de l’os qui coince l’autre os.

Le blog 3heures48minutes en parle très bien dans son article Personne ne peut faire du yoga comme vous le faites. Voici d’ailleurs deux de ses images qui illustrent parfaitement bien les différents niveaux de compression.

Dans le cas de la tension, en fonction de ce qui pose problème, la décontraction peut durer plus ou moins longtemps. Les fascias sont très longs à se détendre et à s’étirer puisqu’ils ne sont pas élastiques, contrairement aux muscles.

Le système nerveux a aussi son rôle à jouer

Étirer le corps aide à la souplesse, mais ce n’est pas le seul à devoir faire le boulot. Le système nerveux a aussi un grand rôle dans cette histoire, puisque c’est lui qui dicte aux muscles et aux fascias comment se comporter, selon le feedback qu’il reçoit de leur part. Il réagit par exemple à des changements dans le tissu, et notamment l’étirement ou la contraction.

Tout est dans la tête

Enfin, la part psychologique est importante. 

Nous savons que les émotions impactent le corps, comme c’est le cas du psoas, et que justement, l’étirement du psoas pouvait relâcher les émotions stockées

Les mouvements ont donc une incidence sur les émotions et le mental, et inversement. Parfois, le mental empêche d’aller trop loin parce qu’il n’est tout simplement pas prêt à y aller, et c’est normal. 

Il sort de sa zone de confort, il ne sait pas comment ça va se passer si on se retrouve dans une position inconnue. Il faut lui laisser le temps, et respecter les limites que nous nous imposons inconsciemment.

Bref, nous sommes tous différents dans notre corps, notre tête et notre vie quotidienne. Nous ne sommes donc pas tous égaux devant une posture de yoga.

Il est temps d’accepter nos limites, et d’arrêter de regarder les autres, ou de choisir des modèles. D’ailleurs, vous devriez être votre propre modèle : dépassez vos limites en élargissant votre zone de confort, peu à peu.

Photo d’en-tête : madison lavern

Author: Manon

Professeur de Stråla Yoga (500h) et de Yin Yoga (100h) à Brignoles et rédactrice web le reste du temps, assoiffée de nouvelles connaissances sur le yoga.